Publié le 7 juillet 2023

Les infirmiers de pratique avancée (IPA) : une solution de plus face à la désertification médicale ?

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Dans le cadre de la lutte contre la désertification médicale, Activa Médical a abordé la suppression du numerus clausus, le contrat de début d’exercice, la prime d’engagement dans la carrière hospitalière, le plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires … La liste n’est pas exhaustive.

La Cour des Comptes, dans l’épais catalogue de mesures contre la désertification médicale, s’est penchée sur la pratique infirmière avancée. Si cette notion n’est pas nouvelle, ses bénéfices peinent à être récoltés car elle a rencontré des obstacles majeurs.

Dans le cadre de la lutte contre la désertification médicale, Activa Médical a abordé la suppression du numerus clausus, le contrat de début d’exercice, la prime d’engagement dans la carrière hospitalière, le plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires … La liste n’est pas exhaustive.

La Cour des Comptes, dans l’épais catalogue de mesures contre la désertification médicale, s’est penchée sur la pratique infirmière avancée. Si cette notion n’est pas nouvelle, ses bénéfices peinent à être récoltés car elle a rencontré des obstacles majeurs.

Infirmiers en pratique avancée (IPA), kezako ?

Introduite en 2000 par le législateur français, la pratique infirmière avancée désigne un haut degré de connaissances et confère une large autonomie aux infirmiers dans le cadre de l’exercice de leurs compétences, sous réserve qu’ils travaillent sous la coordination d’un médecin. Pour prétendre à cet exercice, en ville ou en établissement de santé, les infirmiers doivent :

  • Justifier d’une ancienneté de pratique de trois ans
  • Et avoir suivi une formation complémentaire d’une durée de deux années de niveau master, dans l’une des cinq « mentions » retenues par le législateur : pathologies chroniques stabilisées, oncologie et hémato-oncologie, maladie rénale chronique, dialyse et transplantation rénale, psychiatrie et santé mentale, urgences.

Dans l’esprit du législateur, il s’agit d’élargir les compétences transversales et les responsabilités en procédant à la réalisation de certains actes sans prescription médicale préalable, à la prescription d’examens biologiques, au renouvellement ou à l’adaptation de prescription de médicaments.

Quels étaient les bénéfices attendus ?

À travers l’outil de « pratique infirmière avancée », le ministère de la santé espérait améliorer la prise en charge des maladies chroniques dans le contexte du vieillissement de la population et proposer aux infirmiers de nouvelles perspectives de carrière.

La chancellerie s’était fixée une cible de 3 000 infirmiers en pratique avancée formés ou en formation en 2022 et, à terme, de 6 000 à 18 000 IPA en exercice.  Or, en 2021, selon les chiffres de la Cour des Comptes, seuls 581 IPA étaient diplômés et 1366 en formation.

Au-delà des chiffres, le manque d’IPA sur nos territoires a une traduction plus concrète : des délais plus longs pour être pris en charge, la surcharge des médecins déjà fortement sollicités ; finalement davantage de difficultés d’accès aux soins.

Quels obstacles majeurs rencontrés par les IPA ?

La première difficulté rencontrée par la pratique infirmière avancée réside dans le cadre défini par le législateur. En effet, en conditionnant la « large autonomie » conférée aux IPA à la coordination d’un médecin, le législateur a exposé la pratique infirmière avancée à la réticence des médecins. En effet, le parcours de soins de référence en France demeure celui de la relation première entre le patient et un médecin généraliste, garant de sa bonne orientation dans le système de santé.

Le deuxième obstacle que souligne la Cour des Comptes est un élément comptable. Rémunéré à l’acte, le médecin est susceptible de voir la pratique infirmière avancée comme une sorte de concurrence, ne l’encourageant pas à orienter vers les IPA les patients atteints de pathologies chroniques, dont l’état de santé relèverait d’un suivi par ces professionnels paramédicaux.

En conclusion, le modèle économique actuel ne permet pas aux IPA libéraux de vivre de leur activité. Par conséquent, l’objectif de la chancellerie de proposer de nouvelles perspectives de carrière aux infirmiers n’est pas atteint.

L’ouverture d’un accès direct aux IPA pour les patients ?

Face à cette situation, l’exécutif a envisagé de permettre un « accès direct » des patients aux IPA sans passer par un médecin et accorder aux IPA un droit de première prescription. La loi RIST du 19 mai 2023 « portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé » permet désormais aux patients d’accéder directement, sans passer par un médecin, aux IPA qui exercent à l’hôpital, en ville, dans une maison ou un centre de santé.

Le succès ou non de cette loi sera à évaluer dans le temps.