Enquête : les attentes professionnelles des médecins

Médecins généralistes, urgentistes, pédiatres ou encore médecins du travail : les répondants, aux niveaux d’expérience divers, ont exprimé un mal-être commun face aux conditions d’exercice actuelles. Si la vocation reste présente, elle ne suffit plus à contrebalancer la pression, la charge administrative ou encore le manque de reconnaissance.

Plus de 80% des médecins interrogés considèrent que leurs conditions de travail constituent un frein majeur à la fidélisation. En effet la surcharge des tâches non médicales, la pression constante et le manque de soutien institutionnel ont été régulièrement cités.

« Manque de valorisation (pas financière forcément) ! L’idée assidue que les médecins peuvent tout voir, tout entendre, tout supporter, à être malmenés par leur vocation… Cela crée des conflits de valeurs énormes.» – Médecin du travail, 10 à 20 ans d’expérience

Plus de 90% des répondants estiment que la reconnaissance de leur travail est insuffisante. Celle-ci ne concerne pas uniquement l’aspect financier, mais aussi la reconnaissance humaine, organisationnelle et institutionnelle. Plusieurs médecins évoquent un manque de considération, une absence de protections ou encore une valorisation insuffisante de leur rôle.

« On attend des médecins qu’ils soient infaillibles, mais il n’y a pas de soutien moral ni institutionnel » – Médecin généraliste, 5 ans d’expérience

De plus, l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est jugé « très important » par environ 90% des participants. Les gardes longues, les astreintes fréquentes et la faible flexibilité apparaissent comme des facteurs de désengagement croissant, particulièrement dans le secteur public.

Près de 85% des médecins sondés affirment avoir été confrontés à un « choc de réalité » entre leur formation théorique et les exigences du terrain. Ce chiffre élevé souligne un décalage entre l’enseignement reçu en amont et les réalités concrètes du métier.

Malgré tout, l’environnement humain reste un facteur de fidélisation ; environ 85% des médecins se disent satisfaits de leur travail en équipe. Un climat de solidarité peut atténuer certaines difficultés.

Les résultats de ce sondage font écho à des problématiques plus larges que traverse actuellement le monde médical. On pense notamment à la hausse des violences envers les médecins, comme l’explique notre article : au mal-être professionnel s’ajoutent également des atteintes physiques ou verbales dans l’exercice de leurs fonctions.

Enfin, ces préoccupations s’insèrent dans un climat d’alerte plus global. En août 2025, plusieurs syndicats médicaux ont une nouvelle fois exprimé leur inquiétude quant aux conditions de travail dans les hôpitaux publics, soulignant une « situation intenable ».

Cette enquête met en lumière des attentes claires et récurrentes de la part des médecins : amélioration des conditions de travail, reconnaissance renforcée ainsi qu’un meilleur équilibre vie professionnelle et vie personnelle. Autant de leviers que les employeurs du secteur médical, publics comme privés, doivent aujourd’hui intégrer à leurs stratégies de recrutement et de fidélisation. Dans un contexte de pénurie, répondre à ces besoins devient une nécessité plus qu’une option.

(*) Ce sondage a été réalisé via Microsoft Forms et diffusé via LinkedIn sur une période d’un mois ; 21 médecins répondants issus de différentes spécialités : gynécologie, médecine du travail, urgences, pédiatrie, médecine générale, psychiatrie, endocrinologie, médecine physique et de réadaptation. Les participants exercent dans des structures publiques, privées ou en cabinet libéral, et ont des niveaux d’expérience allant de moins de 5 ans à plus de 20 ans.